Ce blog est celui du comité anticapitaliste de Romainville. Son but est d'informer, de contribuer à la réflexion et à l'action pour comprendre la nature du capitalisme pour mieux le combattre. Nous intervennons localement sur Romainville en dénonçant les travers de la Municipalité soit-disante de Gauche.
Ils ont gagnés !
Leur lutte menée par une grève de 18 travailleurs sans-papiers a payée.
A ce jour, ceux du site de Romainville ont vu leur statut d'intérimaire transformé en CDI, condition posée par la Préfecture de Seine-Saint-Denis pour une régularisation éventuelle.
L'action de la CGT a été déterminante dans l'accompagnement de la lutte au sein de l'entreprise et dans les négociations avec les directions des 2 multinationales URBASER et VEOLIA.
Le soutien de la LCR et du NPA s'est exprimé par la venue d'Olivier Besancenot et notre présence au côté des sans-papiers.
Un tract commun (avec le PCF, LO et le CCR) a été distribué à la population.
Pour notre part, nous avons fait une première collecte devant le LIDL des Bas-Pays qui a permis de récolter une centaine d'Euros et de faire connaître la lutte.
Le jour du marché, nous nous sommes donné rendez-vous avec une délégation de grévistes.
Nous avons distribué ensemble le tract commun et parcouru le marché avec un drapeau de la CGT pour ramasser les pièces et parfois les billets donnés généreusement et en solidarité par une partie de la population.
Leur lutte est exemplaire en montrant qu'il est possible d'arracher des avancés, même en temps de crise, même auprès de multinationales, même par ceux qui se font surexploités.
Leur lutte est la démonstration que la lutte paye mieux et plus vite que des décisions au sommet qui souvent ne viennent pas comme la promesse faite par Jospin d'abroger les lois Pasqua-Debré (en tant que candidat à la présidentielle en 1997 et qui ne l'a pas tenu quand il a été 1er ministre). Sur le fait aussi que le Syctom (regroupement de municipalités souvent de gauche et au premier rang Paris) octroie le marché du recyclage et du traitement des ordures en fermant les yeux sur les conditions de travail.
- Grévistes à la déchetterie de Romainville
Olivier Besancenot est venu soutenir les grévistes de la déchetterie de Romainville.
Ils trient nos déchets ménagers
Ils ont droit à des papiers, et à un vrai contrat de travail !
REGULARISATION IMMEDIATE DES SANS PAPIERS DU SYCTOM ROMAINVILLE !
Depuis le 19 août, dix huit salariés occupent le centre du SYCTOM de Romainville (160 salariés), syndicat intercommunal chargé du tri sélectif des déchets pour 83 communes d’Ile de France.
Le SYTCOM devrait être un service public exemplaire pour les conditions sociales d’emploi et la qualité écologique. Jusqu’en juin, c’est la société VEOLIA qui avait la concession pour ce marché. Puis un nouvel appel d’offre a été remporté par la société espagnole URBASER, en vue de moderniser le site.
VEOLIA et URBASER sont deux multinationales qui tirent profit de la gestion des déchets ménagers que leur confient des collectivités publiques, mais elles se comportent avec leurs salariés comme des exploiteurs sans vergogne, sans respecter le Code du travail. URBASER n’a pas hésité en juin à arrêter le site pendant une semaine, afin de renvoyer en fin de mission des salariés en intérim, comme s’ils étaient du bétail. Plusieurs parmi eux étaient sans papier, parfois depuis des années, embauchés par VEOLIA par l’intermédiaire d’une boite d’intérim (STAR PEOPLE), et se retrouvent sans rien, et à la merci d’une expulsion. Certains ont travaillé pour VEOLIA pendant plus de dix ans par contrats successifs. Selon le Code du travail, il est interdit d’occuper des intérimaires en permanence, ils auraient donc dû être embauchés ! Mais VEOLIA empoche les bénéfices et se moque des travailleurs.
Des conditions inhumaines
Le marché des déchets, VEOLIA en tête, embauche donc des travailleurs dans des conditions indignes :
- la précarité est générale : intérim en très grand nombre
- certains doivent travailler très dur sous peine de voire leur contrat d’intérim rompu
- le tri peut être dangereux : il y a des déchets en provenance d’hôpitaux, qui nécessiteraient des précautions et une formation (seringues, etc.).
- Tout l’abord du site est jonché d’ordures déposées dans n’importe quelles conditions
- Les salariés malades sont mis en « fin de mission ».
- Les salaires sont très bas, à peine 1000 euros.
Les élus doivent contrôler ce qui se passe au SYTCOM !
Le SYTCOM est administré par tous les élus Ile de France. C’est à eux d’exiger un cahier des charges avec des garanties sociales: aucun contrat précaire, pas d’intérim, embauches en CDI, salaires corrects, régularisation immédiate de tous les sans papiers. La responsabilité de la mairie de Romainville est engagée, comme toutes les autres. La mairie doit s’engager aux côtés des sans-papiers. Elle doit intervenir auprès de VEOLIA, de URBASER et du PREFET pour régulariser la situation.
LES SANS PAPIERS DU SYTCOM FONT UN TRAVAIL DE SERVICE PUBLIC, POUR TOUTE LA POPULATION !
AIDONS-LES EN VERSANT A LA COLLECTE !
SOYONS VIGILANTS CONTRE TOUTE MENACE POLICIERE !
Une première Victoire
Elle est poubelle la vie ?
A Romainville, les ordures ne sont plus l’ordinaire des seuls pigeons et rats...
Un bruit sourd et visqueux, c’est un tombereau d’ordures lâché par deux bennes dans la cuve du Syctom (Syndicat intercommunal de traitement et valorisation des ordures ménagères de l’agglomération parisienne , à Romainville en Seine-Saint-Denis.
La fosse est immense, il le faut, pour recueillir les déchets de 83 communes de l’Est parisien.
D’un côté, les poubelles jaunes du tri sélectif.
De l’autre, en haut d’un escalier de métal, un petit parapet surplombe la montagne de sacs plastique explosés dans une puanteur douceâtre et vomitive.
"Et encore, il fait un peu froid, faut sentir quand ça se réchauffe !", souligne un employé.
En surface, c’est bombance pour les pigeons bien gras, qui picorent à coeur joie, il paraît qu’en dessous les rats festoient.
Aux commandes de sa pelleteuse jaune à chenille, casque sur la tête, un homme évolue bravement sur la colline en
décomposition. Il saisit, écrase, aplatit, repousse et pousse, pour remplir, en contrebas du gouffre immonde, une benne mince et profonde. Le chargement file vers le "tapis" de
triage.
Et qui fait ce boulot ?
Comme partout, des sans-papiers, bien sûr !
En tout cas, 18 connus sur les 160 employés du site.
Réclamant leur régularisation, ils occupent les lieux depuis un mois, ont planté leur tente blanche et un barbecue sur la pelouse, à deux pas du tri.
Intérimaires à répétition, depuis quatre, cinq, six, parfois dix ans, sous-traités par une agence pour le compte de Veolia et Urbaser - les géants de l’environnement.
"On voit passer toute la merde, résume l’un deux, les couches-culottes, la pourriture, et même les chats morts et une
bouteille de gaz qui a explosé un jour..."
A dix par tapis, les trieurs ont chacun leur rôle : "Moi, c’est les cartons, les autres font les bouteilles blanches de produits ménagers, les transparentes, il y a aussi les canettes, les briques de boisson, les papiers, la ferraille, les téléphones... jusqu’aux refus, ce qui ne peut pas être recyclé et qui sera brûlé.
De toute façon, tout se revend..."
Dehors, c’est décharge sauvage, le long du mur gris de l’enceinte.
Bouts de carton, bidons d’huile de vidange noire, pots de peinture, contreplaqués, canapés défoncés, images, vieilles valises éventrées, sacs, documents comptables...
"Ils viennent la nuit, en douce, et pas seulement des particuliers, surtout des entreprises !, raconte un gardien, impuissant.
Des hommes marchent sur les détritus en fouillant.
Ce sont des Roms qui chinent la ferraille et espèrent la trouvaille.
En face du centre des ordures, la pancarte EDF prévient : "Attention danger de mort"
La sortie de secours est bouchée par une avalanche de jolis ballots, soigneusement scotchés, bourrés de feuilles de plastique à dessins argentés.
Tout à coup, le ramassis bouge.
Une tête de femme en émerge.
Vieillie et fatiguée, elle tousse fort dans le plastique.
C’est là qu’elle vit, sous les paquets. Deux ou trois bouts de contreplaqué tiennent sa cabane.
On pourrait être dans les faubourgs de Rio, du Caire ou de Bombay.
Romainville, dépaysement garanti, à deux pas de Paris.
Par Dominique Simonnot dans le Canard enchaîné du 03/09/2008